rédigée par la psychologue Gretchen Schmelzer pour nous aider à mieux comprendre cette période si complexe de l'adolescence faite de tant de bouleversements !
"Cher parent,
Ce conflit dans lequel nous sommes maintenant, j’en ai besoin. J'ai besoin de ce combat. Je ne peux l’expliquer parce que je n'ai pas le vocabulaire pour le faire, et de toute façon ce que je dirais n’aurait pas de sens. Mais j’ai besoin de ce combat. Désespérément. J’ai besoin de te détester pour le moment, et j’ai besoin que tu y survives. J’ai besoin que tu survives au fait que je te haïsse, et que tu me haïsses. J’ai besoin de ce conflit, même si je le hais. Peu importe ce sur quoi nous sommes en conflit : l’heure du coucher, les devoirs, le linge sale, ma chambre en désordre, sortir, rester à la maison, partir de la maison, ne pas partir, la vie de famille, petit(e) ami(e), pas d’amis, mauvaises fréquentations. Peu importe. J’ai besoin de me battre avec toi au sujet de ces choses et j’ai besoin que tu t’opposes à moi en retour, j’ai besoin de me battre avec toi et que tu te battes avec moi. J’ai besoin que tu sois de l’autre côté de la corde, celle que je tire sans cesse. Autrefois, je savais qui j’étais, qui tu étais et pourquoi nous étions là mais maintenant, je ne sais plus, je suis perdu. En ce moment, je cherche mes limites, et parfois je ne peux les trouver qu’à travers celles que tu me mets quand je te pousse à bout. Repousser les limites me permet de les découvrir. Alors je me sens exister, et pendant une minute je peux respirer. Et je sais que tu te rappelles l’enfant plus gentil que j’étais. Je le sais, parce que cet enfant me manque aussi, et parfois cette nostalgie est ce qu’il y a de si pénible pour moi en ce moment. J’ai besoin de t’affronter et de savoir que peu importe le mal que je te fais, nous sommes toujours là, ensemble. J’ai besoin de ton amour même quand je t’offre le pire de moi-même. Et, je sais que cela est difficile, pour toi et pour moi, de me voir comme une personne difficile. J’ai besoin de ce combat et de constater que, quelle que soit l’intensité de mes émotions, elles ne détruiront ni toi ni moi. Je veux que tu m’aimes même quand il semble que je ne t’aime pas. J’ai besoin maintenant que tu t’aimes toi et que tu m’aimes moi, pour notre bien à tous les deux. Je sais que ça craint de ne pas être aimé et d’être étiqueté comme étant le méchant. Je ressens la même chose à l’intérieur, mais j’ai besoin que tu le tolères, et que tu obtiennes de l’aide d’autres adultes, amis, parents d’ados car moi, actuellement, je ne peux pas t’aider. Ne m’abandonne pas. N’abandonne pas ce combat. J’en ai besoin. C’est ce conflit qui va m’apprendre que mon ombre n’est pas plus grande que ma lumière. C’est ce conflit qui va m’apprendre que des sentiments négatifs ne signifient pas la fin d'une relation. C’est ce conflit qui va m’apprendre à m’écouter moi-même, quand bien même cela pourrait décevoir les autres. Et ce conflit particulier prendra fin. Comme tout orage, il se calmera. Et je l’oublierai, et tu l’oublieras. Et puis il reviendra. Et j’aurai besoin que tu t’accroches de nouveau à la corde. J’en aurai besoin encore et encore, pendant des années.
Je sais que c’est un travail ingrat d’être parent. Je risque même de te montrer aucune gratitude pour cela, de n’être jamais reconnaissant pour le rôle que tu as tenu. Au contraire, je critiquerai tout ce que tu as fait de mal et je compterai à nouveau sur ta capacité à mener la bataille. Il semblera que rien de ce que tu ne fais ne soit jamais assez. Et pourtant, je m’appuie entièrement sur ta capacité à rester dans ce conflit. Peu importe à quel point je m’oppose, peu importe combien je boude, peu importe à quel point je m’enferme dans le silence, s’il te plaît, accroche-toi, reste debout et tiens l’autre extrémité de la corde. Et sache que tu fais le travail le plus important que quelqu’un puisse faire pour moi en ce moment.
Avec amour, ton ado."
Je dédicace ce post à mon fils Anatole, 14 ans, petit ange petit démon en pleine métamorphose en ce moment. 💕